Le programme complet du Festival : http://gestes.net/wp-content/uploads/2014/01/Web_Article_Filmer-LeTravail-2014-PROGRAMME.pdf
Dans le cadre du festival Filmer le travail
Samedi 08 février : 20h30
Lieu : Maison des étudiants - Poitiers Tarif : 15 € / tarif réduit : 10 €
Pourquoi Philippe Widdershoven, directeur informatique et délégué CGT de l’usine de porcelaine Deshoulières, s’est-il suicidé ? Partant de cette interrogation, Jean-Pierre Bodin, seul en scène, se livre à l’exploration d’un monde en mutation, celui des travailleurs d’usine. Accompagné des images d’Alexandrine Brisson et de l’univers sonore de Thibault Walter, Jean-Pierre Bodin, avec une générosité fraternelle et sans misérabilisme, donne la parole aux ouvriers qui témoignent de leurs conditions.
Suivi d’une rencontre avec Jean-Jacques Chavagnat, psychiatre, Hôpital Henri Laborit (Poitiers), Jean-Pierre Bodin, acteur, auteur, Alexandrine Brisson, réalisatrice et Sonya Faure, journaliste. Animée par Jean-Paul Géhin, sociologue, Université de Poitiers.
Réservez dès à présent vos places pour la pièce "Très nombreux, chacun seul" sur notre billeterie en ligne : https://www.yesgolive.com/filmer-le-travail/tres-nombreux-chacun-seul
Plus d'informations : http://2014.filmerletravail.org/theatre/tres-nombreux-chacun-seul/
11 février 2014
Les jeunes face au travail : quelques éléments de réflexion
Lieu : Espace Mendès France
Inscription obligatoire
Mardi 11 février
Thème de la journée : La tentation est grande d’attribuer à la jeunesse des qualités ou une culture qui lui seraient propres. La jeunesse est ainsi réputée pour son dynamisme et sa fraîcheur. Force est de constater qu’elle est fortement prisée pour son énergie et sa résistance physique dans les « emplois sans qualité », et pour son adaptabilité et sa familiarité avec les nouvelles technologies dans les emplois plus qualifiés. Ces particularités de la jeunesse sont également associées à des effets de génération. Après les « baby-boomers » et la génération X, serait venu le temps de la génération Y. Présentée comme rétive aux engagements professionnels durables, cette nouvelle génération manifesterait d’opportunes dispositions à la flexibilité dans le travail comme dans l’emploi. Les jeunes seraient ainsi détenteurs de « valeurs » qui les amèneraient à entretenir un rapport plus distant avec le travail. Ils se montreraient davantage soucieux de conciliation avec leurs engagements extra-professionnels que leurs aînés et davantage imprégnés de valeurs d’individualisme, d’utilitarisme et de court-termisme. C’est cette vision de la jeunesse que nous interrogerons durant cette journée en mettant l’accent sur le travail et pas seulement sur l’emploi.
La journée s’organisera selon le programme suivant :
Matinée du 11 février : le rapport des jeunes au travail
● 9H30 Conférence introductive de Sylvie Monchatre (sociologue) : « La jeunesse est-elle une compétence ? ». Echanges avec la salle
● 10H30 Projection d’un film documentaire sur ce thème. "Etincelles", en présence de la réalisatrice, Alejandra Santander
Dans le lycée professionnel des arts du métal Ferdinand Fillod, nous rencontrons professeurs et élèves. Les premiers présentent les ateliers et les différentes formations qui y sont réalisées. Les seconds évoquent avec enthousiasme leur découverte du travail du métal et leur engagement dans la création artistique qu’il permet.
« Je suis particulièrement heureux que le Festival d’Évreux ait choisi de distinguer le film “Étincelles” : je sais l’investissement du lycée professionnel, de ses enseignants, de ses cadres éducatifs et de ses élèves pour réaliser ce document qui dit avec tant de force l’importance de la formation exigeante au geste juste dans une “pédagogie du chef d’oeuvre”. Ils montrent à quel point la formation professionnelle peut porter l’intelligence à incandescence ; ils font voler en éclats les vieilles et absurdes catégories qui opposent le “manuel” et "l’intellectuel” ; ils rappellent opportunément que la valeur fonctionnelle et le plaisir esthétique ne s’opposent pas mais convergent dans le symbolique ; ils illustrent à merveille la célèbre formule du philosophe grec Anaxagore : “L’homme pense parce qu’il a une main”. Philippe Meirieu, professeur en sciences de l’éducation à l’université Lumière-Lyon, décembre 2013. |
· 11H30 Débat : témoignages d’acteurs : Mélanie Guitton, en service civique à la MJC Aliénor d’Aquitaine, Jules Aimé, jeune élu à la Mairie de Poitiers, Isabelle Taveneau, réalisatrice et animatrice d’ateliers sur les images du travail, un éducateur et un jeune de l’Ecole de la deuxième chance (sous réserve). Échanges avec la salle.
Après-midi du 11 février : la question de l’intergénérationnel
● 14H00 Regards croisés : « Les rapports intergénérationnels au travail »,
- « Ages, générations : une question de travail », Jeanne Thébault, ergonome, chercheuse au CREAPT CEE.
- « Tutorat et relations intergénérationnelles », Christian Papinot, sociologue, Université de Poitiers.
- Échanges avec la salle.
● 15H15 « Les contrats de génération, premier bilan » avec le Ministère du travail, un intervenant en entreprise (ARACT), des acteurs junior et sénior (CISTE).
● 16H30 Table-ronde : « Quel travail des jeunes demain ? » Avec le Ministère du travail, la Région Poitou Charentes, un syndicaliste et un chef d’entreprise, animée par Jean-Paul Géhin, Sociologue
La journée du 11 février sera suivie de la projection du film suédois Eat, sleep, die premier long métrage de Gabriela Pichler, qui a obtenu le Grand Prix du Jury du 25e festival « Premiers Plans » d’Angers en 2013. Cette soirée s’inscrit dans le cadre d’une carte blanche donné au festival Premiers Plans d’Angers cette année.
12 février 2014
Le monde ouvrier : Image d’hier, regards d’aujourd’hui
Lieu : Espace Mendès France
inscription obligatoire
Mercredi 12 février
Thème de la journée : réfléchir sur les images d’ouvriers dans la société française de l’après-guerre mondiale à nos jours.
Cette réflexion s’organisera autour de deux axes : les images elles-mêmes, qui ont jalonné l’histoire récente du mouvement ouvrier en France et les propos tenus sur ces images, au moment de leur publication et par la suite. Si l’image ne parle jamais d’elle-même, si elle ne prend sens que dans les commentaires qui l’accompagnent – d’où l’importance des légendes, tant soulignée, entre autres, par Walter Benjamin ou Howard Becker –, c’est à parler des images de la classe ouvrière au cours des soixante dernières années que nous nous attacherons. Cette invitation paraît urgente au moment où la recrudescence des images signerait, à en croire certains discours, la fin de la classe ouvrière. Mais a–t-elle vraiment dit son dernier mot ? Et les images actuelles en sont-elles effectivement les dernières ?
Matinée du 12 février : « Ouvriers d’hier »
· 9H30 Conférence introductive de Roger Cornu : « La classe ouvrière n’est plus ce qu’elle n’a jamais été »
· 10H30 « Les ouvriers dans les années 1960 », intervention de Martine Sonnet (historienne et romancière) ; archives de l’Ina (reportage de Marcel Trillat, 1970)
· 11H30 Table ronde : « Point de vue artistique et approche scientifique » réunissant Gérald Bloncourt (photographe), Bruno Loth (dessinateur), Roger Cornu (sociologue) et David Hamelin (historien) animée par Christian Papinot
Après-midi du 12 février : « Ouvriers d’aujourd’hui »
· 14H00 Regards croisés : « Évolution de l’image des ouvriers de l’après guerre à aujourd’hui » : Nicolas Hatzfeld (historien) et Henri Eckert (sociologue).
· 15H00 Présentation d’un montage de photos d’ouvriers et commentaires croisés : avec Gérald Bloncourt (photographe), Serge Lhermitte (photographe), Valérie Guénot (salariée ayant participé aux ateliers photo sur le travail ouvrier dans le cadre de la résidence de Serge Lhermitte au CCP de Saint-Nazaire), Marc Leclerc (photographe), Martin Thibault (sociologue), animée par Emilie Aunis, sociologue.
· 16H30 Table ronde conclusive « Quelle(s) image(s) des ouvriers demain ? » avec un représentant du Ministère de la culture, de Georges Stupar (élu régional et municipal), de Serge Le Glaunec (syndicaliste CGT), d’un chef d’entreprise (sous réserve), animée par Anne Jollet.
La journée du 12 février sera précédée, la veille à 18h, du vernissage de l’exposition de photographies de Gérald Bloncourt présenté à l’Espace Mendès France. Des planches à dessins de Bruno Loth extraites des bandes dessinées « Apprenti » et « Ouvrier » seront exposées en écho à cette journée de rencontres à la Maison de la région ainsi que des photographies réalisées par des salariés volontaires des chantiers navals STX, de la Slides et du Service Espace public de la ville dans le cadre de la résidence du photographe Serge Lhermitte au CCP de Saint-Nazaire.
Cette journée sera suivie d’une soirée en hommage à Armand Gatti lors de laquelle seront montrés des films de la série Le lion, sa cage et ses ailes, films réalisés à Montbéliard dans le bastion Peugeot, par, pour et selon les ouvriers immigrés eux-mêmes, à savoir :
Montbéliard
Documentaire – France – 43’ – 1976
Armand Gatti nous présente la ville à travers l’univers de ses habitants immigrés.
Le Premier mai (film polonais)
Documentaire – France – 27’ – 1976
Dans le chassé-croisé des transports de Montbéliard, naît l’histoire de Tadeusz le Polonais qui, chaque année, parcourt la distance qui le sépare Paris de Varsovie.
La bataille des trois P (film yougoslave)
Documentaire – France – 43’ – 1976
Ce film sera celui de Radovan, mis à la porte de chez Peugeot pour avoir attaqué au karaté une chaîne de montage de voitures.
En présence d’Armand Gatti, poète, dramaturge, cinéaste et de Nicolas Hatzfeld, historien.
Reprise de la série en intégrale à la Médiathèque François-Mitterrand du jeudi 13 au samedi 15 février.
Rédigé à 19h52 dans Au coin des films, Conférences, Les IIèmes rencontres : Travail, droit et cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
Du 8 au 17 février 2013, aura lieu à Poitiers le 4eme Festival international Filmer le travail.
- Le site de l'association Filmer le travail : http://filmerletravail.org/
- Le programme du festival : http://telem.fr/pub/FilmerLeTravail/FestivalFLT2013/FLT-PROGRAMME-pA3-web_%281%29.pdf
- Voir également l'ouvrage : Images du travail, travail des images, J.-P. Géhin, H. Stevens (dir.), PUR, coll. essais, 2012 : http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=2859
Rédigé à 18h47 dans Conférences, Hors-champ, Les IIèmes rencontres : Travail, droit et cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
Jean Tulard, historien et cinéphile, membre de l'Institut, a participé à plusieurs reprises aux rencontres annuelles "Droit et cinéma" de La Rochelle, et ce dès la première édition en 2008. L'occasion pour nous de le remercier et de lui rendre hommage, en publiant un texte intitulé : Le contrat du tueur : un contrat comme les autres, issu de la communication qu'il avait faite en 2009 pour les rencontres Travail, droit et cinéma. Puis en présentant un livre d'entretiens qui vient de paraître, Jean Tulard. Détective de l'histoire, dans lequel il évoque les rencontres juridico-cinématographiques de La Rochelle.
Le contrat du tueur : un contrat comme les autres.
Le contrat est un élément essentiel du droit du travail. Il est passé entre l’employeur et l’employé, il peut être à durée déterminée ou indéterminée.
Le code du travail a toutefois négligé un contrat qui répond pourtant à la définition donnée par la Cour de cassation : celui passé entre un tueur et son employeur. Le mot contrat qui est utilisé pour désigner ce type d’accord recouvre bien un contrat et la profession de tueur est une profession si honorable du moins reconnu et qui remonte aux temps anciens. Il y eut les sicaires (de sica) dans l’Antiquité, et les spadassins (de spada) à la Renaissance, sans oublier les assassins (haschich) du Vieux de la Montagne.
Le tueur est au demeurant un personnage littéraire. Je n’en retiendrai que Saltabadil dans Le roi s’amuse de Victor Hugo. Triboulet a une fille ravissante qu’il dissimule aux regards du souverain et de ses courtisans. Il se promène, inquiet, autour de sa maison quand il est abordé par le spadassin Saltabadil :
- S. : « Vous avez l’air d’avoir une femme à garder ».
- T. : « Je ne dis pas mes affaires aux autres ».
- S. : « Mais c’est pour votre bien qu’on se mêle des vôtres.
Peut-être à votre femme un fat fait les yeux doux et vous êtes jaloux ».
- T. : « Que voulez-vous en somme ? »
- S. : « Pour quelque argent on vous tuera votre homme.
Monsieur, vous voyer que je suis honnête homme ».
- T. : « Et combien prenez-vous pour tuer un galant » ?
- S. : « C’est selon le galant qu’on tue et le talent qu’on a.
On me donne la moitié d’avance et la moitié après ».
- T. : « Oui, vous risquez le gibet, le supplice ».
- S. : « Non, non nous redevons un droit à la police ».
- T. : « Et comment t’y prends-tu ? »
- S. : « Monsieur, je tue en ville ou chez moi, comme on veut.
Cela se fait sans bruit, c’est décent.
Monsieur, donnez-moi votre pratique.
Vous en serez content, je ne tiens pas boutique,
Je ne fait pas d’éclat ».
Toute la littérature consacrée au tueur à gages, de Graham Greene à Hadley Chase, est résumée dans ces répliques hugoliennes.
Le cinéma n’y ajoutera rien. Il a pourtant affectionné ce personnage. Comment le présente-t-il ?
On envisagera tour à tour la typologie du tueur, la nature du contrat et son exécution.
La typologie du tueur
Il serait plus exact de reprendre le vieux mot de Balzac et de parler de physiologie du tueur.
Le tueur ne se confond pas avec le gangster (il ne fait pas de casse) ou le garde du corps. C’est un professionnel du meurtre, son travail est d’abattre une cible, cible qu’on lui a désignée à l’avance. Ce n’est pas un serial-killer, il ne tue pas à l’aveugle, pour le plaisir. Il tue pour de l’argent.
Il n’y a pas d’âge moyen du tueur. Il est le plus souvent jeune, mais peut être aussi un homme mûr et expérimenté. Toutefois les vieux tueurs sont rares, question de réflexes et de survie. Pas de caractéristiques physiques permettant une identification. Une bonne santé (il faut savoir courir) et des nerfs d’aciers. De la mémoire aussi. Dans Memento[1], le pauvre Leonard Shelby doit se tatouer les informations essentielles ou utiliser le polaroïd. Le tueur est généralement célibataire (mais il a fâcheusement un petit garçon dans Les sentiers de la perdition[2]) et il doit éviter les petites amies trop bavardes. Et attention à l’alcool ! Le tueur modèle est Philippe Raven imaginé par Graham Greene et incarné à l’écran par Alan Ladd dans This Gun for Hire[3] de Frank Tuttle, au début des années 40.
Il arrive que les tueurs travaillent à deux. C’est le cas dans la nouvelle d’Hemingway, The Killers[4], adaptée à l’écran par Robert Siodmak. Al (Charles Mc Graw) et Max (William Conrad) ne se séparent pas. Chapeau mou, visage fermé, manteau dissimulant leur arsenal. Ils exécutent le Suédois : « Il ne nous a rien fait. Nous ne l’avons jamais vu et nous ne le verrons qu’une fois. »
Le couple peut être mixte. C’est le cas dans le film de Lee Daniels, Shadowboxer[5], sorti seulement en DVD. Mickey, un noir, au sang-froid réputé, est associé à une femme plus âgée que joue Hélène Mirren (qui fut dans The Queen[6], la reine Elisabeth !).
Si l’Amérique est riche en tueurs, elle n’en a pas l’exclusivité. Retenons deux personnages dans le cinéma français : Jeff Costello, le « Samouraï [7] » de Melville, interprété par Alain Delon. Il est influencé par Alan Ladd : même chapeau mou, même gabardine, même regard glacé. Et Léon[8] de Luc Besson, plus conforme à l’image que l’on se fait du tueur, frustre, au QI peu élevé, solitaire (hélas dans le film il est flanqué d’une encombrante adolescente), implacable.
La géographie des tueurs s’est élargie. La Russie en regorge et plus encore ses anciennes dépendances. Que l’on pense à Killer[9] du kazak Darejan Omirbaev qui raconte l’histoire du jeune Marat qui, prit dans un engrenage, doit assassiner un journaliste. L’Amérique latine, surtout la Colombie, plaque tournante du trafic de la drogue, est la patrie des tueurs. La Vierge des tueurs[10] de Barbet Schroeder, d’après Fernando Vallejo, se situe à Medellin où l’écrivain se lie avec un jeune tueur, Alexis, qui est abattu. Il le remplace par Wilmar, sans savoir qu’il est l’assassin d’Alexis. L’Asie offre un large éventail de tueurs, popularisé par le cinéma de Hong-Kong ou le cinéma thaïlandais, ainsi le jeune tueur dans Bangkok Dangerous[11] des frères Pang dont la particularité est d’être sourd et muet.
Ainsi le tueur est-il universel.
Le contrat
Le contrat n’est pas écrit. Le choix d’un tueur anonyme élimine le motif du meurtre et assure à l’instigateur la possibilité de s’assurer un alibi. Dans L’inconnu du Nord-Express[12] l’échange de crime est absurde. Un tueur eût aussi bien brouillé les pistes. Le tueur ne parle pas ; le plus souvent il ignore le motif du crime et son instigateur.
La somme exigée est variable. Elle est faible en Colombie en raison de l’abondance de l’offre, plus élevée aux Etats-Unis. Le contrat est passé souvent avec un syndicat du crime, mafia ou triade de Hong-Kong. C’est ce syndicat qui empoche l’argent, le tueur n’étant qu’un salarié. C’est le cas dans les films de Woo ou de To.
Le prix peut varier selon l’importance de la cible. Dans Meurtre sous contrat[13] d’Irving Lerner, Vince Edwards modifie son prix quand il apprend que la cible est une femme : trop mobile, trop imprévisible pour permettre l’établissement d’un plan fiable.
Dans Shadowboxer[14] Helen Mirren doit abattre la femme d’un caïd mais découvre que celle-ci est enceinte. Elle ne tire pas. Dans Le Roi s’amuse, Saltabadil explique que pour un roi il est très cher car le souverain est bien gardé et les risques sont plus grands. Le Chacal, chargé dans les films du même nom, d'après un roman de Forsythe, de tuer, pour le compte de l’OAS, le général de Gaulle, demande un prix élevé.
En général l’accord se fait sur la moitié de la somme au moment de l’accord et le reste après l’exécution.
Dans Le Tueur[15], un film de Cédric Anger, le tueur découvre que le commanditaire est aussi la victime, la cible n’ayant pas le courage de se suicider pour éviter les souffrances d’une terrible maladie. Mais qui paiera le solde. Un arrangement est conclu.
L’exécution du contrat
Tous les films nous décrivent la préparation du meurtre. Ainsi dans Blast of Silence (Baby Boy Frankie)[16] d’Allan Baron, Frank Bono prend son temps, examine les lieux, étudie l’emploi du temps de la victime, ses habitudes avant de passer à l’action. Le contrat peut être manqué. Dans L’emmerdeur[17] de Molinaro, Ralph (Lino Ventura) a tout prévu lorsque survient Pignon qui va tout faire manquer.
Dans un film de Kitano c’est un papillon qui distrait le tueur. Angelo Ledda, tueur vieillissant de Mémoire du tueur[18] est chargé d’un contrat qui lui répugne : supprimer une adolescente. Il préfère avertir la police, avant d’être frappé par la maladie d’Alzheimer.
Meurtre sous contrat[19] nous montre un tueur tombant amoureux de sa cible. Le contrat peut être réussi, mais il y a une bavure. Dans Bons baisers de Bruges[20], Colin Farrell, jeune tueur trop nerveux, a tué un enfant en même temps que sa cible. Il déprime. Le boss l’envoie avec Brenda Gleeson, un confrère, à Bruges, parce que le boss a gardé un souvenir émerveillé de cette ville quand il était enfant et qu’il veut occasionner une ultime joie à Farrell avant de le faire abattre par Gleeson. L’ennui c’est que Farrell n’apprécie pas Bruges.
Il n’y a pas en revanche de bavures dans A bout portant[21] de Siegel, bien que l’exécution du contrat se déroule dans un institut pour aveugles (terrifiants Lee Marvin et Clu Gulager) mais les tueurs se posent des questions sur leur contrat.
Le contrat est réussi mais le commanditaire n’entend pas payer, ou paie en argent volé (Tueur à gages[22] de Tuttle). De toute façon le tueur peut apparaître comme un témoin gênant que l’on fait tuer par un deuxième tueur. Comme l’argent on blanchit ainsi le crime.
Sauf exception, le tueur finit mal, ce qui dispense de lui verser le solde. Ou alors il est racheté par l’amour ou la grâce divine et ne demande rien.
Moralité : le contrat du tueur est le plus avantageux des contrats à durée déterminé.
Jean Tulard, de l’Institut.
[1] NOLAN C., Etats-Unis, 2000.
[2] Road to perdition de MENDES S., Etats-Unis, 2002.
[3] Tueur à gages, Etats-Unis, 1942.
[4] Les tueurs, Etats-Unis, 1946.
[5] Etats-Unis, 2006.
[6] FREARS S., Etats-Unis/ France/ Grande-Bretagne, 2006.
[7] France, Italie, 1967.
[8] France, 1994.
[9] Tueur à gages, France/ Kazakhstan, 1999.
[10] La virgen de los sicarios, Colombie/ Espagne/ France, 2000.
[11] PANG D., PANG O. et PANG CHUN O., Etats-Unis, 2008.
[12] Strangers on a train de HITCHCOCK A., Etats-Unis, 1951.
[13] Murder by contract, Etats-Unis, 1958.
[14] DANIELS L., Etats-Unis, 2006.
[15] France, 2008.
[16] Etats-Unis, 1961.
[17] France/ Italie, 1973.
[18] De zaak alzheimer de VAN LOOY E., Belgique, 2004.
[19] Murder by contract de LERNER I., Etats-Unis, 1958.
[20] In Bruges de McDONAGH M., Grande-Bretagne, 2008.
[21] The killers, Etats-Unis, 1964.
[22] This gun for hire de TUTTLE F., Etats-Unis, 1942.
Le livre d'entretiens Jean Tulard. Détective de l'histoire. Entretiens avec Yves Bruley. Ecriture, coll. "Entretiens", 2012, 328 pages.
A chacun son Jean Tulard. Pour les férus d'histoire, il est celui qui peut égrener jour après jour la vie de Napoléon Ier, mais aussi écrire un livret d'opéra sur la Révolution. Pour les cinéphiles, il est une encyclopédie vivante, aussi à l'aise dans le western que dans le muet. Pour ses élèves et ses assistants, il fut un professeur éblouissant, sûr de son savoir et de ses effets. Sans oublier le fondateur de l'« histoire administrative », l'amateur de romans policiers, le bibliophile, le passionné d'Alexandre Dumas... et des Pieds nickelés !
Écrire des dictionnaires, faire cours à la Sorbonne, organiser une rétrospective à la Cinémathèque, commenter des repas gastronomiques, parler de l'Empereur à la télévision, rédiger des articles dans les magazines, présider une séance académique sous la Coupole : Jean Tulard sait presque tout faire. Mais l'art qu'il pratique le mieux est celui de la conversation.
Au fil de ces entretiens avec un jeune historien qui fut son élève à la Sorbonne, Jean Tulard revient sur son enfance, ses lectures, ses études, sa carrière universitaire, son activité d'académicien.Dans une deuxième partie, il s'interroge sur le métier de l'historien, ses méthodes qui doivent être rigoureuses, son objectivité (il parle d'un 'regard froid ') mais qui ne doit pas exclure une certaine passion. C'est un éloge de l'école positiviste fondée sur le culte du document.Mais Jean Tulard ne s'est pas enfermé dans sa spécialité : il fut conseiller historique à l'Opéra, membre du conseil d'administration de la Cinémathèque française, chroniqueur à Valeurs Actuelles. Passionné de cinéma (et auteur de dictionnaires des acteurs et des films, collection 'Bouquins ', qui font référence), il évoque ses amitiés, d'Abel Gance à Léo Malet.
Extrait, pp 234-235 :
"- Fréquentez-vous les festivals ? Que pensez-vous des plus célèbres d'entre eux : Cannes, Venise, Deauville... Grand-messes nombrilistes ou vraies rencontres de cinéphiles ?
- Je ne fréquente pas les festivals, n'y ayant jamais été invité. Normal, puisque je n'appartiens pas au milieu cinématographique. C'est ce qui assure mon indépendance dans ce domaine. J'ai commenté plusieurs fois le palmarès du Festival de Cannes. Le jury a tendance à récompenser des œuvres austères d'un ennui mortel et à passer sous silence des réalisateurs importants. (...) Cannes est une belle ville que j'adore, mais son festival vaut surtout pour le marché aux films : des œuvres en vrac qui ne trouvent pas de producteurs, petits thrillers et surtout films fantastiques. (...)
Venise et plus encore Berlin ont tendance à couronner des œuvres engagées. l'intention est louable, mais c'est ainsi que l'on vide les salles. (...) En revanche, Avoriaz et Cognac, l'un dans le fantastique, l'autre dans le polar, ont permis jadis l'émergence de 'nanars' inventifs et surprenants.
Bastia propose un passionnant festival de films italiens inédits en France. Sans parler de festivals à thème comme celui de Pessac ou celui de la faculté de droit de La Rochelle, où un sujet juridique est illustré par des films. Ainsi, pour le contrat de travail, ai-je présenté en 2009 le "contrat" du tueur, illustré entre autres par Robert Siodmak dans Les Tueurs. Pas de tapis rouge, pas de stars se dissimulant derrière des lunettes noires, pas de badauds... mais du cinéma !"
Rédigé à 09h06 dans Au quai des livres, Les IIèmes rencontres : Travail, droit et cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
- Avec la publication de l'ouvrage de notre collègue Eve Lamendour, fidèle compagnon de route de l'aventure "Droit et cinéma" : Les managers à l'écran : enquête sur une image déconcertante aux Presses Universitaires de Rennes : http://www.pur-editions.fr/detail.php?idOuv=3052
- Avec la leçon inaugurale d'Alain Supiot au Collège de France, le 29 novembre 2012 : "Etat social et mondialisation : analyse juridique des solidarités" http://www.college-de-france.fr/site/alain-supiot/#|m=inaugural-lecture|q=/site/alain-supiot/inaugural-lecture-2012-2013.htm|p=../alain-supiot/inaugural-lecture-2012-11-29-18h00.htm|
- Avec l’émission "Les nouveaux chemins de la connaissance", 7 décembre 2012, en compagnie d'Alain Supiot et de Christophe Dejours : "Travailler mieux pour vivre mieux : réflexions pour d’autres perspectives d’organisation du travail"http://www.franceculture.fr/emission-les-nouveaux-chemins-de-la-connaissance-travailler-mieux-pour-vivre-mieux-reflexions-pour-d
- Avec le film Article 23 de Jean-Pierre Delépine.
Ci-dessous le manifeste que le cinéaste a bien voulu nous communiquer. Bien que discutable juridiquement, ce manifeste - et le film que nous n'avons pas encore vu - témoigne à n'en pas douter de la dureté du monde du travail.
« Article
23, un film engagé qui lutte pour le respect du droit du travail dans des
conditions équitables. Un film dédié à la mémoire des disparus de
France Télécom, Renault, La Poste, Thales, Areva, EDF, GDF Suez, PSA, ONF,
Société Général, BNP, Crédit Agricole, Natixis, Groupama, BPCE, Macif, LCL,
Caisse d'épargne, HSBC, Klarius, Veolia, SFR ... et bien d'autres.
Sur fond de management par le stress et la terreur, de multiples aberrations du
monde du travail, d'injustices et de discriminations des processus de recrutement
qui décident de l’unique profil du parfait candidat " acceptable ",
Article 23 raconte l'histoire de trois vies qui se croisent et s'opposent.
Cécile veuve mère de deux enfants licenciée à plus de 40 ans, Cédric un
recruteur parfait petit soldat de la "machine" qui avance
inexorablement, et Alice jeune diplômée qui abandonne les ressources humaines
pour se lancer dans l'humanitaire parce qu'elle refuse sa place dans le
système.
Alors que celle qui semblait condamnée au départ, se retrouve au devant de la
scène, in fine nous assisterons à une longue descente aux enfers pour celui qui
a abusé de son pouvoir à des fins mercantiles, et se retrouve détruit par un
système qui sacrifie les " économiquement non pertinents " pour ne
garder que l’élite.
Le film nous propose ainsi un autre regard sur la dualité " victime /
bourreau " par la narration de cette histoire largement inspirée de faits
réels, où tous les protagonistes de l'affaire se retrouvent malgré eux abusés
par un système terrifiant et implacable dans lequel plus personne ne contrôle
plus rien ...
Je ne suis pas un professionnel du cinéma, je suis juste un salarié qui en a eu marre de voir des gens poussés au suicides par des entreprises qui violent en permanence et en toute impunité l'article 23 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 qui prévoit que tout être humain a le droit de travailler dans des conditions équitables.
J'accuse toutes ces entreprises FT, La poste, Renault, Areva, ... etc ... de violation de l'article 23 de la déclaration et demande au TPI de convoquer immédiatement tous ces dirigeants de toutes ces entreprises a comparaitre sous le chef d'accusation de crime contre l'humanité, et de violation de l’article 23.
Je demande aux politiques, sénateurs et au gouvernement de faire passer une loi punissant le harcèlement conduisant aux suicides d'une peine ferme de 15 années de prison assorti d'une amende de dix millions d'euros.
Je demande également au gouvernement que pour toute la chaine de management (du président jusqu’au cadre manager de terrain en charge directe du management d’équipe), il soit prévu la responsabilité pénale pour toute personne ayant en charge le management humain. Et ainsi de rendre possible l’accusation de mise en danger d’autrui et de non assistance à personne en danger. (Actuellement la seule responsabilité pénale n'est reconnue que pour les cadres de direction membre du comité de direction, en claire les très hauts cadres supérieurs, ce qui exclut les managers de terrains qui eux sont le bras armé et véhiculent impunément la violence au quotidien. Ceux-ci ne sont d’ailleurs jamais inquiétés...).
Je demande au gouvernement de reconnaitre le statut de victime pour tous suicide causé par l'entreprise, auquel celle-ci devra impérativement et intégralement prendre en charge financièrement les familles des victimes, et cela à vie sans avoir recours à la reconnaissance du TASS pour faute inexcusable.
J'accuse le MEDEF d’être bienveillant avec les entreprises qui ont de telles pratiques et leur demande d’exclure immédiatement tout dirigeant, ainsi que toutes ces entreprises de leur organisation, assorti d’une mise sous surveillance constante sans laquelle il ne leur sera pas permis de revenir au MEDEF sans avoir radicalement changé de politique et de stratégie.
Je demande au gouvernement et à la justice de punir les pratiques de recrutement sexistes, discriminatoires, racistes, intrusives de la vie privée, et ainsi de ne pas favoriser l’emploi pour tous, ainsi que le droit au travail pour tous, violant ainsi l’article 23 de la Déclaration universelle des droits de l’homme ».
Jean
Pierre Delépine
Cinéaste Engagé
Auteur et réalisateur du Film Article 23
Programmation du film :
Le 11 décembre 2012, 20 h., en avant-première, et en présence du réalisateur, au MEGA CGR de Torcy 77
Le 12 décembre à 20h : première du film Article 23 à Paris, au Studio Galande : 42, rue Galande, 75005 Paris. En présence du Réalisateur.
Le 17/12 à Evron, et plein d'autres salles en province à partir du début de l’année 2013
Ajoutons à ces évènements scientifiques et cinématograhiques deux ouvrages parus très récemment :
Le travail, entre droit et cinéma, M. Flores-Lonjou (dir.), Préf. d'Alain Supiot, PUR, coll. l’univers des normes, 2012
La cité du travail. Le fordisme et la gauche, de Bruno Trentin, Préf. de Jacques Delors, Intro. d'Alain Supiot, Fayard, coll. poids et mesures du monde, 2012
La 12ème édition du Festival international du documentaire de création de La Rochelle se déroulera du 6 au 11 novembre 2012, et aura notamment pour thème "le monde du travail".
escalesdocumentaires.org/wp-content/uploads/2012/10/EscalesProgramme.pdf …
Par ailleurs, une avant-première sera organisée le vendredi 26 octobre consacrée au cinéaste Roman Polanski. Seront présentés le documentaire Polanski par Polanski de Pierre-André Boutang (Finlande, France, 2006), puis le film Le pianiste (France, Grande-Bretagne, Allemagne, Pologne, 2002).
"La soirée Polanski" : escalesdocumentaires.org/avant-premiere-vendredi-26-octobre/ …
Rédigé à 12h44 dans Hors-champ, Les IIèmes rencontres : Travail, droit et cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
L'ouvrage Le travail, entre droit et cinéma, actes des IIèmes rencontres Droit et cinéma de La Rochelle (2009), vient de paraître aux Presses Universitaires de Rennes, collection "L'univers des normes".
Miroir de la société qu’il capture, le cinéma apparaît comme le révélateur du contexte politique et idéologique dans lequel s’inscrivent les réalisateurs. Qu’il se fasse dénonciateur de l’inhumanité du travail ou qu’il soit porteur d’espoir, le cinéma dévoile les évolutions du travail et du droit. Ainsi, le travail, tant à l’écran qu’en coulisses, fait du cinéma un instrument de recherche en droit social.
L'introduction, la table des matières, une présentation des auteurs ainsi que la 4ème de couverture sont consultables sur le site des Presses Universitaires de Rennes : pur-editions.fr/detail.php?idOuv=2983 …
Rédigé à 09h32 dans Au quai des livres, Les IIèmes rencontres : Travail, droit et cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
Suite de la diffusion des IIèmes rencontres Droit et cinéma : regards croisés avec la communication de Jean Tulard, Professeur des Universités, membre de l'Institut : Le contrat (du tueur) : un contrat de travail comme les autres.
Réalisation : Ch. Bessaguet et F. Charneau (@ctice, Université de La Rochelle)
Suite de la diffusion des IIèmes rencontres Droit et cinéma : regards croisés avec la communication de Marie-France Mazars, conseiller doyen de la chambre sociale de la Cour de cassation : Le lien de subordination dans l’œil de la caméra.
Réalisation : Ch. Bessaguet et F. Charneau (@ctice, Université de La Rochelle).
Suite et fin de l'exposé préliminaire d'A. de Luget et M. Flores-Lonjou, maîtres de conférences en droit public à l'Université de La Rochelle, des IIèmes rencontres Droit et cinéma : regards croisés de 2009 dont le thème était : Travail, droit et cinéma. La première partie de la communication avait été mise en ligne le 17 juin 2011. Les autres communications suivront dans les semaines à venir.
Réal. Ch. Bessaguet et F. Charneau (@ctice, Université de La Rochelle)
En attendant les IVèmes rencontres Droit et cinéma : regards croisés consacrées au vote à l'écran (2 et 3 juillet 2011), voici les vidéos des IIèmes rencontres de 2009 dont le thème était : Travail, droit et cinéma.
La vidéo ci-dessous est la première partie de l'exposé préliminaire par A. de Luget et M. Flores-Lonjou, maîtres de conférences en droit public à l'Université de La Rochelle et organisatrices des rencontres. La mise en ligne des deuxième et troisième parties aura lieu les prochains jours, et celle de toutes les communications au cours des semaines à venir.
Réalisation : Ch. Bessaguet et F. Charneau (@ctice, Université de La Rochelle)
La Faculté Jean-Monnet de l’Université Paris-Sud XI et la ville de Sceaux organisent, du 30 mars au 5 avril 2011, la troisième édition du festival Ciné-Droit, sur le thème du travail. Sous la présidence de la psychanalyste et historienne Elisabeth Roudinesco et avec la participation de François Doubin, ancien ministre du Commerce, de l’artisanat et de la consommation, ainsi que des réalisateurs Jean-Michel Carré et Christian Rouaud …
Programme du colloque du 1er avril : Le travail : souffrance ou plaisir ?
Dans l’enceinte de la Faculté Jean-Monnet, ce colloque ne réunira pas seulement des universitaires spécialistes du droit du travail : sous les regards croisés d’artistes, d’hommes de lettres, d’historiens, de psychanalystes, de sociologues, de juristes… des aspects les plus divers de l’univers du travail seront examinés avant d’être débattus entre les participants et le public.
Colloque Le travail : souffrance ou plaisir ?
9h : ouverture du colloque par Jérôme Fromageau, doyen de la faculté Jean-Monnet
Matinée : 9h30 : Souffrance et plaisir au travail
Sous la présidence de Frédéric Touboul, directeur général de Intelligence-rh.com
- Clarisse Siméant, historienne du droit et maître de conférences à l’université Paris-Sud 11 : « Labor » dans la doctrine romano canonique médiévale.
- Jean-Baptiste Rivaud, professeur de lettres en khâgne : Au commencement était la terre...
- Gérard Koch, artiste sculpteur : Le plaisir de faire
Pause : 10h45 à 11h
- Marie Pezé, docteur en psychologie, expert judiciaire, responsable du réseau de consultations « Souffrance et travail » : Les athlètes de la quantité
- Fatma Bouvet de la Maisonneuve, médecin psychiatre et addictologue, responsable de la consultation d'alcoologie pour femmes à l'hôpital Sainte-Anne à Paris : La santé psychique des femmes actives
- Ninon Maillard, historienne du droit et maître de conférences à l’université de Nantes:Quel statut pour le plus vieux « métier » du monde ? Quelques réflexions sur les réglementations de la prostitution en France
Après midi :
Sous la présidence de François Jankowiak, professeur à l’université Paris-Sud 11
14 h : Le travail : approches croisées
- Robert Castel, sociologue, directeur d’études à l’EHESS : Au-delà de la souffrance et du plaisir, la reconnaissance sociale…
- Antoine Lyon-Caen, professeur de droit à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense et directeur de la Revue de droit du travail : Le travail du droit
- Bernard Friot, professeur émérite à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense, IDHE: Le travail entre l’emploi et le salaire à vie
16h30 : Travail et inégalités
- Emmanuel Dockès, professeur de droit à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense: L'essor moderne de la subordination au travail
- Louis Schweitzer, ancien président de la Halde, président d’honneur de Renault :Discrimination, égalité et inégalités au travail
- Sur le même thème : cf les IIèmes rencontres Droit et cinéma : regards croisés de La Rochelle (2009).
- A lire : Sortir de la souffrance au travail de C. Dejours, psychanaliste et psychiatre (Le Monde.fr, Débat, 21 fév. 2011).
- A voir : La mise à mort du travail (La destruction, L'aliénation, La dépossession), documentaire de J.-R. Viallet (France, 2009).
Rédigé à 17h59 dans Au coin des films, Au quai des livres, Conférences, Les IIèmes rencontres : Travail, droit et cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
Out. Il faut que ça sorte. La réponse à la condescendance masculine du professeur au mépris pontifiant, du dirigeant syndical encroûté de paternalisme, des dirigeants négligents pour une force de travail annexe, ces femmes de l'atelier de confection de Ford. Out. Il faut que ça sorte. Ces femmes de l'atelier insalubre où elles sont reléguées dans la plus grande usine Ford en Europe, à Dagenham, dans l'Est du grand Londres. Out. Il faut que ça sorte. Du second rôle dans lequel la société des années 1960 les tient : ravissante femme au foyer surdiplômée (Rosamund Pike), ouvrière au salaire d'appoint (Sally Hawkins), ministre empêtrée de conseillers inutilement protecteurs et fats (Miranda Richardson).
Out. Prononcé sans brutalité, comme un constat, un mot suffisant pour que toutes les femmes de l'atelier se lèvent et quittent les lieux. En 1968, ces ouvrières de Ford vont, l'espace de quelques mois, occuper la place, la rue, la scène syndicale et politique alors qu'elles n'ont pas plus de culture syndicale que politique. Pourquoi ? Elles disent simplement vouloir le même salaire que les hommes qui exercent le même travail qu'elles. Cette exigence de justice force le respect tout au long du film We want sex equality, titre pour la France de Made in Dagenham. Le film, fiction inspirée de faits réels, est exaltant, aussi drôle qu'efficace.
Ce qui est montré de ces femmes donne envie d'agir, de ne pas renoncer et de demander l'asile politique à cette Grande-Bretagne enchantée des swinging sixties. En quelques scènes, par le jeu des actrices et acteurs, on voit monter une leader dans le groupe, on perçoit les difficultés d'une grève au long court, on est fasciné par le personnage de la meneuse de grève, petit bout de femme ordinaire et tenace. Elle est la petite sœur d'autres militantes de cinéma. Ainsi dans le film de Martin Ritt en 1979, Norma Rae était aussi une ouvrière réticente à l'action poussée par ce mélange qui fait les très bons détonateurs, la répétition quotidienne de petites injustices jamais résolues et le passage d'un syndicaliste aguerri.
Le fonctionnement du collectif ouvrier, la capacité d'écoute et de compréhension pour chacune, l'entrée dans les arcanes d'une organisation syndicale machiste, voilà qu'en quelques plans et dialogues mémorables se déroule un fantastique cours de théorie des organisations. Le film paraît d'autant plus nécessaire que les rires qui fusent dans la salle pendant la projection reprennent le temps du générique devant le texte relevant comment l'égalité des salaires est acquise en Grande-Bretagne depuis la loi de 1970 et comment Ford est devenue une industrie modèle dans le traitement des salariés. Pourquoi serait-ce drôle à l'heure où s'enseigne la responsabilité sociale des entreprises ? Est-ce incroyable aux yeux de spectateurs devenus imperméables aux discours des entreprises modèles ? Si le film fait rire jusqu'à sa dernière minute, c'est que les inégalités demeurent visibles à tous malgré les lois d'égalité de traitement. La Grande-Bretagne affichait en 2010 un écart moyen de 19,8 % entre le salaire des hommes et celui des femmes (Annual survey of hours and earnings : www.statistics.gov.uk/pdfdir/ashe1210.pdf).
Inutile de préciser que l'écart est en défaveur de ces dernières. En France, l'Insee indique en 2010 un écart moyen de 27%. Et ces deux chiffres ne disent rien de l'accès restreint à nombre de carrières : pour l'ensemble des pays de l'OCDE (www.oecd.org/document/57/0,3746,fr_21571361_46558043_47049657_1_1_1_1,00.html), les femmes ne bénéficient pas des mêmes opportunités que leurs collègues masculins. Notre Assemblée nationale s'enorgueillit de 18,6% de députées quand les conseils d'administration des entreprises françaises comptent parmi leurs membres un médiocre 7,6% de femmes et que 17% des entreprises françaises peuvent revendiquer une patronne. Mais l'université et la justice nous sauvent, 28% des professeurs du supérieur étant des femmes et 57, 8% des magistrats des femmes. Ouf.
Que ces chiffres ne vous effraient pas, le film reste une fabuleuse comédie engageante. L'atmosphère estivale et très colorée, très éloignée des récents pensums que le cinéma français a produits sur le monde industriel, n'est pas pour rien dans l'enthousiasme que suscite le film. Son point de départ mérite qu'on y revienne. Il s'agit aussi d'une aventure collective www.sonyclassics.com/madeindagenham
Le producteur, Stephen Woolley, à la suite d'une émission de radio sur un groupe de femmes grévistes en 1968, décide d'aller à leur rencontre. Il est véritablement séduit par leur action mais aussi par leur personnalité et se refusant à brosser le portrait de l'une d'elles, il suscite un scénario fidèle à l'action mais librement inspiré des ouvrières grévistes. Le personnage de Rita O'Grady (interprétée par Sally Hawkins) est inspiré de plusieurs de ces femmes. Woolley et la productrice Elizabeth Karlsen vont donc s'investir dans le scénario avec Billy Ivory à l'écriture avant de trouver leur réalisateur, Nigel Cole. Pour la petite histoire, le film a été tourné dans l'usine Hoover au pays de Galles qui avait fermé ses portes peu de temps avant le tournage, l'usine originelle de Dagenham ayant elle disparu.
Out. Il faut que ça sorte. C'est aussi la trajectoire d'une femme bousculée dans ses certitudes, ses habitudes et ses limites. Elle parviendra à sortir de ce cadre dans une aventure collective. La prise d'ampleur du personnage de fiction fait écho au magnifique documentaire de Christian Rouaud sur la grève des Lip. Les différents témoignages de femmes y montrent leur maturation dans l'action collective : comment de jeunes ouvrières en retrait écoutant les aînés, les mieux formés, ceux qui savent, elles étaient devenues actrices de leur parcours et elles ont pris une place dans la société à laquelle elles n'auraient pas même rêvé auparavant. Alors dehors, allons chercher ce que nous sommes. L'enthousiasme est contagieux.
Eve Lamendour
Maître de conférences en gestion
Université de La Rochelle
D'autres parcours de militantes au cinéma:
La grève des bonnes, film Pathé (1908)
Norma Rae de Martin Ritt (1979)
Les LIP, l'imagination au pouvoir de Christian Rouaud (2007)
La reprise du travail aux usines Wonder de Jacques Willemont (1968)
Reprise d'Hervé Le Roux (1997)
- Exposé
préliminaire par Agnès de Luget et Magalie Flores-Lonjou, maîtres de
conférences en droit public à l'Université de La Rochelle
I. Le travail : un matériau cinématographique
- Filmer le travail,
ou les limites de la caméra par Catherine Pozzo di Borgo, réalisatrice
- Du militarisme démocratique ou du
danger de laisser la guerre à ceux qui en font le métier par Jean-Marie Tixier, maître de conférences en littérature et cinéma
à l'Université Montesquieu Bordeaux IV
- Le travail dans l'âge d'or de la
comédie américaine : hiatus ou relecture ? par Richard Vidaud, Professeur d’anglais en Première Supérieure au Lycée G. Guist’hau
de Nantes
II. Le droit du travail : un défi cinématographique
- Le lien de
subordination dans l’œil de la caméra par Marie-France Mazars, conseiller doyen de la
chambre sociale de la Cour de cassation
- Le contrat (du
tueur) : un contrat de travail comme les autres par Jean Tulard,
professeur des universités, membre de
l'Institut
III. Le cinéma : un instrument de recherche en droit social
- Les films italiens : outils d'analyse d'une société complexe par Françoise Thibaut, professeur émérite de droit public à l'Université de Poitiers, correspondant de l'Institut
- Les évolutions du droit du travail et le monde de l'entreprise vus par le cinéma français (de 1981 à nos jours) par Lionel Miniato, maître de conférences à l'Université de Toulouse
- Working class zero : à propos de Blue collar de Paul Schrader (1978) par Xavier Daverat, professeur de droit privé à l'Université Montesquieu Bordeaux IV
- Le harcèlement
moral : une histoire de cinéma ? par Marie-Luce Bernard-Vincent, maître de
conférences en droit privé à l'Université de La Rochelle, LASAPE
- Rapport de synthèse, par Jean-Paul Pancracio, professeur de droit public à l'Université de Poitiers
Les actes du colloque 2009, en
attente de publication, sont partiellement en ligne sur le
site de canal académie :
http://www.canalacademie.com/Le-contrat-d-un-tueur-un-contrat.html
http://www.canalacademie.com/Le-lien-de-subordination-dans-l.html
http://www.canalacademie.com/Les-films-italiens-outils-d.html
Photographie de Franck Moreau
La représentation du
droit au cinéma constitue le cœur de notre recherche entreprise depuis 2008
dans le cadre du cycle Droit et
cinéma : regards croisés. Cette thématique de recherche ne vise donc pas
à étudier le statut du créateur, des œuvres, et de leur exploitation qui ont
déjà fait l’objet de plusieurs analyses de la part de juristes (par ex. Jean-Marie PONTIER, Le droit du cinéma, P.U.F., 1995, coll.
Que sais-je ? ; Gaëlle BOSSIS et Raphaël ROMI, Droit du cinéma,
LGDJ, 2004, coll. Systèmes ; Jean-Marie PONTIER, Jean-Claude RICCI et
Jacques BOURDON, Droit de la culture, Dalloz, 1996 ; Claire BERNE, Histoire
du droit du cinéma français, Thèse de doctorat en linguistique, Paris I,
2000 ; Marie CORNU, Le droit culturel des biens, Thèse de doctorat
en droit privé, Paris II, 1994) ; mais plus précisément à
appréhender le Droit comme sujet (direct ou indirect) d’une création
cinématographique, comme ce fut réalisé à propos du 9ème art (Catherine RIBOT Dir., Droit et Bande dessinée. L’univers juridique
et politique de la bande dessinée, P.U. de Grenoble, 1998). En effet, si le droit est représenté dans le 7ème art comme il l’a été en
littérature (Philippe MALAURIE, Droit et littérature, Ed.
Cujas, 1997, coll. Anthologie ; Antoine GARAPON et Denis SALAS Dir., Imaginer
la loi. Le droit dans la littérature, Ed. Michalon, 2008, coll. Le bien
commun ; v. également les travaux de François Ost ou bien ceux d’Anne
Simonin), c’est principalement sous l’angle du droit privé, en
raison des relations interpersonnelles qui se nouent entre les personnages par
le truchement du droit. Parmi les disciplines du droit privé, le droit pénal
(mais est-il vraiment du droit privé ?) occupe une place de choix (Christian GUERY, Justices à l'écran, PUF, 2007, coll. Questions
judiciaires ; Bruno DAYEZ, Justice et cinéma. Quarante méditations sur
la justice vue à travers le septième art, Anthémis, 2007). Il est le plus filmé à travers les scènes de procès auxquelles l’imagerie
hollywoodienne nous a habitués depuis fort longtemps (Laurent GOUALLE, Le drame judiciaire ou la représentation du procès
dans le cinéma américain, Thèse Doctorat en Cinéma, Paris III, 2001). Les questions de droit public sont
peu ou pas représentées dans la production cinématographique, même si nous
avons tous en mémoire James Stewart utilisant le règlement du Sénat américain
pour dénoncer les turpitudes des politiques en lisant la bible dans le film de
Franck CAPRA, Mr Smith goes to Washington.
Ainsi, Droit et cinéma : regards croisés se
décline dans le temps autour de thématiques annuelles permettant d’appréhender
l’ensemble des disciplines juridiques au sein des productions cinématographiques
dans une perspective pluridisciplinaire. Les rencontres Droit et cinéma :
regards croisés 2008 furent consacrées au Huis clos judiciaire au cinéma, et celles
de 2009 abordèrent le triptyque Travail,
droit et cinéma. Quant à celles de 2010, qui auront lieu les 3 et 4 juillet,
et pour lesquelles un soutien moral et financier du GIP Droit et justice du Ministère de la
justice a été obtenu, elles vont s'intéresser à la question de l’enfance
au cinéma.
Ces rencontres
permettent d’approfondir l’hypothèse de départ selon laquelle le cinéma est
tout à la fois instrument de connaissance du droit, instrument de réflexion,
mais aussi vecteur d’apprentissage et de formation. En effet, la tentation est
grande d’adapter aux études juridiques françaises la méthode américaine consistant
à enrichir les supports classiques que sont les textes juridiques, la jurisprudence et la doctrine de documents
filmiques.
Droit et
cinéma : regards croisés a été crée par Agnès de LUGET et
Magalie FLORES-LONJOU, maîtres de conférences en droit public à l’Université de
La Rochelle, qui en sont les responsables. Depuis les premières rencontres,
plusieurs personnalités de prestige, reconnues pour leurs compétences
juridiques et/ou cinéphiliques sont intervenues (Jean Tulard, professeur des Universités, membre de l'Institut, Françoise
Thibaut, professeur de droit public, correspondante de l'Institut, Marie-France Mazars, conseiller doyen de la chambre sociale de la Cour de cassation, Christian Guéry, doyen des juges d'instruction à Nice, Xavier Daverat, professeur de droit privé à l'Université Montesquieu Bordeaux IV, Jean-Marie Tixier, maître de conférences en littérature et cinéma à l'Université Montesquieu Bordeaux IV, Catherine Pozzo di Borgo, réalisatrice, Gwenaele Rot, maître de conférences en sociologie à l'Université Paris X, N. T. Binh, critique de cinéma, membre du comité de rédaction de la revue Positif, etc ... ). Le
blog Droit et cinéma : regards
croisés a pour ambition, non seulement de rendre compte de nos activités de
recherche – les rencontres annuelles (passées et à venir) ainsi que les conférences
qui se déroulent tout au long de l’année – mais également de suivre l’actualité
du cinéma, à travers des recensions de films et d’ouvrages et, le cas échéant
d’articles, pouvant intéresser à la fois le cinéphile et le juriste.
Rédigé à 15h51 dans Les IIIèmes rencontres : L'enfant, le droit et le cinéma, Les IIèmes rencontres : Travail, droit et cinéma, Les Ières rencontres : Le huis clos judiciaire au cinéma, Programmes des rencontres annuelles | Lien permanent | Commentaires (0)
Balises: cinéma, droit, enfance, enfance, huis clos judiciaire, travail
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