Le vote à l’écran
IVèmes rencontres Droit et cinéma : regards croisés
2 et 3 juillet 2011
Université Montesquieu Bordeaux IV / Université de La Rochelle
La quatrième édition des rencontres « Droit et cinéma : regards croisés », organisées depuis 2008 pendant le Festival International du Film de La Rochelle, sera consacrée au vote à l’écran. Une publication regroupera les communications faites au cours des rencontres et des contributions écrites spécifiques, notamment dans la revue Politeia.
On s’attachera essentiellement, dans ce cadre, au vote politique (excluant, par exemple, le vote au sein d’un jury autour duquel se rétrécit l’espace du huis clos judiciaire, déjà envisagé lors d’un précédent colloque[1]).
Le corpus à étudier est d’abord constitué des films relatifs aux scrutins institutionnels qui visent à élire les gouvernants et les représentants, ainsi qu’aux référendums, qu’affectionne le cinéma[2], de Frank Capra (Mr. Smith Goes to Washington[3]) ou John Ford (The Man Who Shot Liberty Valance[4], The Sun Shines Bright[5], The Last Hurrah[6]) à nos jours (The Manchurian Candidate[7]) en passant par le cinéma des années soixante-dix (The Manchurian Candidate[8], The Candidate[9]). Mais, hors des grands rendez-vous politiques, les élections se déroulent parfois dans les milieux professionnels (Coup pour Coup[10], Salt of the Earth[11], Le Crime de M. Lange[12]), des structures ou institutions, des corporations, des ordres (ainsi, récemment, avec Des Hommes et des Dieux[13]), voire des triades (Election 1 et 2[14]). Enfin, les votes peuvent aussi être empiriques, voire spontanés, quand un groupe ou une communauté y a recours pour prendre une décision qu’inspire la procédure démocratique, pour le meilleur ou pour le pire. Il en est ainsi depuis que de « bons citoyens » votent en faveur du lynchage de suspects qui s’avèreront innocents (The Ox-Bow Incident[15]) ou entérinent par le vote une liste noire visant à éliminer physiquement des émigrants récemment installés (Heaven’s Gate[16]). Il est possible, même, que gueux et truands s’expriment par vote sur le sort d’un coupable qui nuit à leurs intérêts (M. ein Stadt sucht ein Mörder[17] et M[18]).
Le colloque envisagé a une ambition multidimensionnelle. Le sujet ouvre évidemment à des lectures constitutionnelles, au travers d’œuvres qui démontent l’organisation, le mécanisme, le rituel des grands scrutins : tantôt c’est la souveraineté démocratique (directe ou représentative) qui est questionnée au travers de la consultation (Adieu Poulet[19], Vogliamo i Colonnelli[20], Le Président[21]), associée parfois aux grandes mutations politiques (telle l’indépendance dans Lumumba[22]) ; tantôt c’est la difficulté de son avènement et le dévoiement de ses idéaux qui interpelle (Advise and Consent[23], Vincere[24], Il Divo[25], Goodbye Bafana[26]). Le colloque invite aussi à une lecture politique de films dont le sens idéologique peut être questionné (Soleil Trompeur[27], Le Repentir[28], Vote + Fusil[29], Scarface[30], Duck Soup[31]), ainsi que leur perspective réformiste ou légitimiste, de même que l’on peut focaliser sur leur objet éventuellement plus précis (stratégies, alternance, bipolarisation, ouverture, plébiscite…). Que disent, en outre, les votes empiriques ?
Pointent-ils un déficit démocratique ? Rejouent-ils une démocratie contre l’État ? S’agit-il au contraire d’acquiescer à une forme de décision ontologiquement démocratique ? Une approche sociologique de la période électorale est possible : conscience et responsabilité politique de l’électeur (La Guerre est Finie[32]), intérêt plus ou moins grand des citoyens ou des intéressés, classes d’âges des électeurs, contradictions entre base et élites politiques (Il Portaborse[33], Le piège à Cons[34], L'albatros[35]), populisme (O'Brother[36], Power[37]), émergence des minorités sexuelles (Harvey Milk[38])... Certains axes adjacents peuvent encore être privilégiés (ainsi le rôle des médias en période électorale : A Face in the Crowd[39]).
En évoquant le vote à l’écran, il s’agit aussi d’interroger les modes de représentation qui lui sont réservés, en choisissant comme objet le film cinématographique non documentaire. Dans cette perspective, le champ est ouvert très largement : ainsi, le processus électoral peut-il être l’objet principal d’un film (Primary Colors[40], Feu sur le Candidat[41], The Best Man[42]) ou venir en contrepoint (Nashville[43]), l’élection elle-même peut-elle céder la place à la campagne électorale (La Fleur du Mal[44], Il n'y a pas de Fumée sans Feu[45]) et ses à-côtés fictionnels (Bob Roberts[46]) ou réels (Bobby[47]), certains films sont-ils métaphoriques, par exemple en montrant un vote ouvertement anachronique (films sur l’Antiquité[48] ou le Moyen Âge) ou en introduisant un parallèle monarchique (Que la Fête Commence[49], La Presa del Potere di Luigi XIV[50]) etc.
Les communications proposées peuvent naturellement s’inscrire dans toute l’histoire politique et toute l’histoire cinématographique, et s’intéresser à toutes les cinématographies nationales, sans exclusive.
Les propositions de communications devront comporter :
- 6 000 signes maximum ;
- le titre de la communication, sa problématique, le corpus filmique ;
- une petite notice biographique du contributeur ;
Elles doivent être transmises avant le 1er mars 2011 aux adresses des quatre organisateurs (ci-dessous).
La liste des propositions retenues par le comité scientifique sera communiquée le 20 avril 2011. Cette liste comportera deux sections : une section concernant les communications retenues pour les rencontres et la publication qui suivra, une section concernant les communications retenues pour la seule publication.
Il est demandé aux contributeurs qui ne souhaitent soumettre qu'une proposition qu’aux fins de publication - sans participer aux rencontres - de bien vouloir l’indiquer lors de l’envoi de celle-ci.
La version finale des communications retenues sera à remettre pour le 1er octobre 2011 en observant la feuille de style (V. Annexe).
Le colloque se tiendra à La Rochelle les 2 et 3 juillet 2011.
Comité scientifique et organisation
Xavier Daverat, professeur de droit privé, Université Montesquieu Bordeaux IV [email protected]
Magalie Flores-Lonjou, maître de conférences en droit public, Université de La Rochelle [email protected]
Agnès de Luget, maître de conférences en droit public, Université de La Rochelle [email protected]
Jean-Marie Tixier, maître de conférences en littérature et cinéma, Université Montesquieu Bordeaux IV [email protected]
Nous espérons pouvoir compter sur votre présence active à La Rochelle du 2 au 3 juillet 2011.
Vous pouvez consulter cette appel à communications également sur le site Calenda : http://calenda.revues.org/nouvelle18319.html
[1] V. A. de LUGET et M. FLORES-LONJOU Dir., Le huis clos judiciaire au cinéma, Geste éd., 2010 ; http://droit-gestion.univ-larochelle.fr/Colloque-Droit-et-Cinema-Regards.html
[2] V. J. PORTES, "Des élections dans le cinéma américain", Le temps des médias, 2006/2, (7), pp. 78-86.
[3] M. Smith au Sénat, Etats-Unis, 1939.
[4] L'homme qui tua Liberty Valance, Etats-Unis, 1961.
[5] Le Soleil Brille pour tout le Monde, Etats-Unis, 1953.
[6] La Dernière Fanfare, Etats-Unis, 1958.
[7] Un Crime dans la Tête de J. DEMME, Etats-Unis, 2003.
[8] Un Crime dans la Tête de J. FRANKENHEIMER, Etats-Unis, 1962.
[9] Votez McKay de M. RITCHIE, Etats-Unis, 1971.
[10] de M. KARMITZ, France, 1971.
[11] Le sel de la terre, Etats-Unis, 1953.
[12] de J. RENOIR, France, 1935.
[13] de X. BEAUVOIS, FRANCE, 2010.
[14] de J. TO, Hong-Kong, 2005 et 2006.
[15] L'étrange Incident de W. WELLMAN, Etats-Unis, 1943.
[16] La Porte du Paradis de M. CIMINO.
[17] M le maudit de F. LANG, Allemagne, 1931.
[18] de J. LOSEY, Etats-Unis, 1951.
[19] de P. GRANIER-DEFERRE, France, 1975.
[20] Nous Voulons les Colonels de M. MONICELLI, Italie, 1973.
[21] d'H. VERNEUIL, France, 1961.
[22] de R. PECK, France/Belgique/Haïti, 2003.
[23] Tempête à Washington d' O. PREMINGER, Etats-Unis, 1961.
[24] de M. BELLOCHIO, Italie, 2009.
[25] de P. SORRENTINO, Italie, France, 2008.
[26] de B. AUGUST, Grande Bretagne, Afrique du sud, Belgique, Luxembourg, Allemagne, 1989.
[27] de N. MIKHALKOV, Russie, 1994.
[28] de T. ABOULADZE, URSS, 1984.
[29] Vote plus Fusil d'H. SOTO, Chili, 1970.
[30] de H. HAWKS, Etats-Unis, 1932.
[31] Soupe au canard de L. Mc CAREY, Etats-Unis, 1933.
[32] d'A. RESNAIS, France, 1966.
[33] Le porteur de serviettes de D. LUCHETTI, Italie, 1991.
[34] de J.-P. MOCKY, France, 1979.
[35] de J.-P. MOCKY, France, 1971.
[36] de J. et E. COEN, Etats-Unis, 2000.
[37] Les coulisses du pouvoir de S.LUMET, Etats-Unis, 1985.
[38] de G. VAN SANT, Etats-Unis, 2009.
[39] Un homme dans la foule d'E. KAZAN, Etats-Unis, 1957.
[40] de M. NICHOLS, France, Grande-Bretagne, Japon, Allemagne, Etats-Unis, 1998.
[41] d'A. DELARIVE, France, 1989.
[42] Que le Meilleur l'Emporte de F. J. SCHAFFNER, Etats-Unis, 1964.
[43] de R. ALTMAN, Etats-Unis, 1975.
[44] de Cl. CHABROL, France, 2003.
[45] d'A. CAYATTE, France, 1973.
[46] de T. ROBBINS, Etats-Unis, 1992.
[47] d'E. ESTEVEZ, Etats-Unis, 2006.
[48] V. C. AZIZA, Guide de l'Antiquité imaginaire, Roman, cinéma, bande dessinée, Les Belles Lettres, 2008 ; Le Péplum, un mauvais genre, Klincksieck, 2009 ; H. DUMONT, L'Antiquité à l'écran. Vérités, légendes et manipulations, Nouveau Monde éd., 2009 ; "Le péplum : L'Antiquité au cinéma", CinémAction, 89, 1998.
[49] de B. TAVERNIER, France, 1974.
[50] La Prise du Pouvoir par Louis XIV de R. ROSSELINI, France, 1966.
Les commentaires récents