Colloque international
Arrêts sur images. Les représentations du juge au cinéma
Organisé par le Centre de droit public et le Centre de droit international de la Faculté de
droit de l’Université libre de Bruxelles (ULB)
Dans le cadre de l’Action de recherche concertée (ARC) : « Le juge. Un acteur en mutation »
Les 13 et 14 mars 2015
"Le procès de Viviane Amsalem", (S. et R. Elkabetz, France, Allemagne, Israël, 2014)
Depuis peu, les juristes mais aussi les théoriciens et philosophes du droit ont commencé à
s’intéresser au cinéma et aux représentations du droit et de la justice qu’il véhicule. Ce
mouvement est certes plus développé dans le monde anglo-saxon, au sein duquel on le
désigne souvent au moyen de l’appellation « Law & Films », mais des initiatives allant dans
cette direction ont également pris place, ces dernières années, dans les cultures de droit
continental et en particulier dans le monde francophone. Cependant, la figure du « juge »
au cinéma n’a pas encore été vraiment étudiée de façon directe et spécifique, alors qu’elle
est incontournable au sein de notre pensée et de notre expérience du droit et de la justice, et qu’elle a en outre régulièrement retenu l’attention des cinéastes.
Parce que cette figure est au coeur de l’Action de Recherche Concertée Le juge, un acteur en
mutation (2010-2015), le Centre de droit international et le Centre de droit public de
l’Université Libre de Bruxelles ont décidé de consacrer le colloque final du projet aux
représentations du juge au cinéma. Intitulé Arrêts sur images, ce colloque international
consacrera deux journées complètes à la réflexion sur la figure du juge – considérée au
sens large (juge professionnel, juge non professionnel, jury, etc.) –, telle qu’elle est
représentée au cinéma, non seulement dans le genre spécifique que l’on nomme « film de
procès », mais aussi en explorant d’autres domaines cinématographiques.
Ce colloque sera divisé en quatre ateliers qui auront pour thèmes :
Atelier 1 : Le juge face au pouvoir.
Quelles articulations est-il possible de concevoir et de mettre en scène au cinéma
entre ce qu’on appelle communément le « pouvoir judiciaire » et d’autres types de
pouvoirs, politique, médiatique, social ou économique ? Bien des configurations
semblent envisageables entre les deux situations extrêmes que sont, d’une part,
l’autonomie totale du judiciaire et, d’autre part, son instrumentalisation par les
autres pouvoirs. La force du septième art réside sans doute dans sa capacité à
explorer ces zones grises que l’on nomme « rapport de forces », « influence
réciproque », « confusion des genres », etc.
Atelier 2 : L’erreur judiciaire à l’écran.
Pour des raisons bien compréhensibles, les juristes peinent à élaborer une
« théorie » de l’erreur judiciaire. Qu’ont à nous montrer les cinéastes sur ce thème ?
Où se situe la force heuristique des expériences qu’ils nous font vivre dans les
nombreux films qui relatent de telles erreurs (ou prétendues erreurs), films qui
naviguent bien souvent entre réflexion et émotion, entre raison et passion ?
Atelier 3 : Juger le pluralisme juridique.
Bien que l’État revendique un monopole dans l’édiction de normes à caractère
juridique, il cohabite avec divers ordres qui génèrent, eux aussi, des normes
considérées comme obligatoires par leurs destinataires (Églises, syndicats, ordres
sportifs, familles, « loi du milieu », etc.). Comment le cinéma parvient-il à rendre
compte du passage à la limite entre ces différents ordres qui se côtoient, et parfois
s’affrontent, au sein de nos sociétés ? Comment appréhende-t-il les interactions
entre ces divers systèmes normatifs hétérogènes ? Quelle vision se font les
cinéastes du rôle du juge dans un tel contexte d’incertitude normative ?
Atelier 4 : Le juge comme acteur : quand la caméra entre au tribunal.
Ce dernier atelier sera consacré non au « juge personnage » – incarné par un acteur
–, mais au « juge réel », qui est de plus en plus souvent filmé au tribunal, alors qu’il
est plongé dans l’action. Cet atelier permettra ainsi d’interroger le double sens du
mot acteur – celui qui agit et celui qui joue un rôle –, ainsi que les implications de
cette polysémie dès lors que l’on considère le rôle du juge, en particulier. On se
tournera en conséquence vers d’autres genres cinématographiques ou télévisuels,
qui vont du documentaire aux émissions de téléréalité. Parmi les nombreuses
interrogations qui pourront être ici mobilisées, mentionnons la question de savoir
dans quelle mesure ces procédés se veulent « réalistes » ou, au contraire, assument
l’impact qu’ils produisent inévitablement sur la réalité, ou encore celle du devenir
de la justice, en tant qu’institution, dès lors que l’aspect formel du procès est
gommé au profit de sa dimension spectaculaire.
À la fin de ces deux journées, en lieu et place des habituelles « conclusions », une table
ronde sera organisée qui donnera la parole à des professionnels du cinéma afin de leur
permettre, de façon assez inédite, de dialoguer avec des juristes, qu’ils soient théoriciens
ou praticiens. L’interrogation placée au centre de cette table ronde finale sera celle du sens
et de la légitimité du recours au cinéma pour éclairer les débats juridiques contemporains :
en se tournant vers le cinéma, le juriste ne risque-t-il pas, en effet, de l’instrumentaliser et
de dénaturer la composante esthétique qui lui est essentielle (à supposer que le cinéma ne
soit pas appréhendé, ce qu’il peut être également, comme un pur divertissement) ?
Ce colloque s’inscrira en outre dans le prolongement des autres composantes du projet
« Arrêts sur images » (http://www.arcdroit.ulb.ac.be/Arrets_sur_images_-
_Sommaire.html), à savoir :
1/ le ciné-club : un cycle de projections/débats est actuellement en cours à la
Faculté de droit de l’ULB, qui propose à la communauté universitaire et au public
en général un certain nombre d’oeuvres cinématographiques et les soumet à
l’analyse de conférenciers invités en raison de leur expertise ;
2/ le site internet : des analyses de films sont publiées sur une interface spécifique
consacrée aux représentations du juge au cinéma, alimentée par des billets
réguliers, rédigés par des auteurs issus d’horizons divers.
1. Les propositions d’exposés et de contributions sont centrées sur la figure du juge,
considérée au sens large, et ne traitent pas à titre principal d’un autre objet ;
2. Elles s’insèrent explicitement et naturellement dans l’un des quatre ateliers définis
ci-dessus (Atelier 1 : Le juge face au pouvoir ; Atelier 2 : L’erreur judiciaire à l’écran ;
Atelier 3 : Juger le pluralisme juridique ; Atelier 4 : Le juge comme acteur : quand la
caméra entre au tribunal) ;
3. Elles anticipent un exposé de trente minutes, qui intègre des extraits de films, étant
entendu que le temps de parole consacré au extraits (en ce compris la
contextualisation par l’orateur des extraits choisis par rapport au film dont ils sont
issus) ne pourra pas représenter plus d’un tiers de la durée totale de la présentation ;
4. L’orateur accepte de participer activement aux séminaires préparatoires qui se
tiendront à l’ULB avant le colloque (durant la première quinzaine de décembre 2014),
séminaires qui sont destinés à insuffler une certaine cohérence à l’ensemble de
l’événement scientifique (les organisateurs prendront en charge les frais afférents aux
déplacements des orateurs qui résident hors du territoire belge).
Les propositions d’exposés (qui ne dépasseront pas 5000 signes, espaces non compris),
accompagnées d’une bibliographie et d’une filmographie (d’une page maximum) devront
parvenir aux organisateurs pour le 15 septembre 2014. Elles peuvent être envoyées à l’adresse suivante : [email protected]
Les organisateurs, après avoir soumis les propositions reçues au Comité scientifique de
l’événement, informeront les postulants le 15 octobre 2014, au plus tard, de la décision prise. Les organisateurs prendront à leur charge les frais de déplacement sur la base d’un trajet en
classe économique au tarif le plus avantageux, les nuits d’hôtel sur la base d’une chambre
« single » pendant toute la période du colloque et les repas prévus au programme. Les
réservations seront faites directement par les organisateurs. Aucun remboursement
supplémentaire (taxis, restaurants, etc.) ne sera octroyé, ni aucun per diem. Ces conditions
s’appliquent également aux séminaires préparatoires.
Commentaires