Spéciale première
Il ne m'a pas fallu Sept ans de réflexion pour évoquer ici les Heureux jours de ce 41ème festival du film de La Rochelle. Ce ne fut certes pas toujours Un été à Berlin, mais comme Certains l'aiment chaud, ce fut tout de même le temps d'une semaine Plein soleil pour L'homme tranquille. Loin d'être Un gouffre aux chimères, il a commencé par un Jour de fête, La vida buena en somme ! En l'absence de Tony Manero et de Fédora, je me serais cru comme Zazie dans le métro. Si j'avais été Le tombeur de ces dames, j'aurais pu rencontrer La scandaleuse de Berlin, Irma la douce ou La fille de Ryan. Las, ce fut bientôt La valse des pantins, une véritable Mauvaise graine, pour un peu j'étais Témoin à charge, au procès d'un Dog killer, bon pour Sept ans de malheur. Chemin faisant, de Miramare à Innisfree, j'ai pu compter Un, deux, trois ... Bandits manchots avant de m'arrêter au Grill point. Ce n'était pas L'odyssée de Charles Lindbergh, mais plutôt Le vieil homme et la mer ! De retour dans La garçonnière, Ariane ne m'a pas dit Embrasse-moi idiot, mais au contraire, Dame la mano et Soigne ton gauche ! J'étais vraiment Crazy, plus Dr Jerry que Mr Love, heureusement que j'avais une Assurance sur la mort, sinon c'était un coup à me retrouver au Stalag 17 et adieu Il futuro! Comme au Premier dimanche d'août, dans ce Conte de quartier, j'étais L'étroit mousquetaire qui cherche à résoudre L'énigme du Chicago Express ou Willenbrock, le roi de l'occase qui rêve à La vie privée de Sherlock Holmes.
Quelle Romance, mais maintenant Ladies and Gentlemen, il faut conclure, la nuit tombe sur le Boulevard du crépuscule.
Final cut, place au festival 2014, Avanti !
Claude Braud
PRAG anglais, CIEL
Université de La Rochelle
FIFLR 2013 : Some Like It Wilder
Cette 41ème édition du Festival International du Film a été, pour moi et beaucoup d’autres, l’occasion de voir ou de revoir des films de Billy Wilder. Il y en avait 20 à l’affiche et j’ai réussi à voir 13 d’entre eux. Il y avait les classiques, comme La Garconnière (E.-U., 1960) et Certains l’aiment chaud (E.-U., 1959), des comédies qui n’ont pas pris un ride, où les dialogues sont portés par des acteurs au sommet de leur talent. Les scènes de Certain l’aiment chaud où l’acteur Tony Curtis, habillé en riche plaisancier à la Bing Crosby dans High Society (C. Walters, E.-U., 1956), et qui prend un accent anglais à la Cary Grant pour séduire le personnage jouer par Marilyn Monroe, sont un pur régal. Comme souvent chez Wilder, le miroir de l’illusion cinématographique est brisé temporairement par un petit gag, clin d’œil à la carrière d’un des acteurs. Dans ce film, c’est George Raft, revêtu pour l’occasion de son costume de gangster, qui sera à l’honneur. Il va tomber sur un jeune mafieux qui le toise en faisant tourner en l’air une pièce de monnaie en argent par de petits coups de chiquenaude de son pouce – geste immortalisé par Raft dans le film iconique Scarface de Howard Hawks (E.-U., 1932), où Raft joue le rôle d’un gangster de Chicago proche d’Al Capone ! Autre acteur, autre gangster, autre clin d’œil. Cette fois, c’est James Cagney, dans Un, deux trois (E.-U., 1961) qui sera parodié. Dans ce film, où Cagney incarne un cadre ambitieux travaillant chez Coca Cola, les gags arrivent tellement vite que nous avons à peine le temps de souffler. Dans son bureau il est apostrophé par un jeune policier allemand (l’action se déroule à Berlin en 1961) qui, à propos de rien, nous fait une imitation de Cagney dans ses rôles gangster des années 30/40. C’est très drôle ! D’ailleurs, ce film fait partie de mes découvertes du festival : le rythme effréné, le jeu merveilleux de Cagney et sa femme dans le film, Arlene Francis, et les blagues (qui tournent souvent autour de la politique) font qu’on passe un excellent moment.
Parmi les Wilder, j’ai aussi découvert Irma La Douce (E.-U., 1963), comédie qui se déroule dans le milieu des prostitués à Paris où Jack Lemmon et Shirley Maclaine sont réunis dans une comédie légère mais réussie, et Avanti (E.-U./It, 1972), dans lequel Lemmon a comme partenaire l’actrice britannique Juliet Mills. Ce film se passe en Italie et aborde le thème de l’adultère, tout comme Embrasse-moi, idiot avec Dean Martin et Kim Novak. En 2013 ça n’a plus grand-chose de choquant mais ces films sont toujours drôles !
J’ai adoré Boulevard du crépuscule (E.-U., 1950), où Gloria Swanson, dans son swansong (chant du cygne), crève l’écran par sa folie. Le swansong de Wilder est Fédora (E.-U., 1978), film plus lent, plus européen, réflexion sur le cinéma, la vieillesse, et la fin d’une époque. C’est un excellent film mais qui aurait pu être un chef d’œuvre avec une actrice de la trempe de Swanson ou Marlene Dietrich, qui a malheureusement refusé le rôle de l’actrice recluse.
Sur ce même thème, j’ai vu un film du cinéaste allemand Andreas Dresen, Whisky et vodka (All., 2009), où un acteur vieillissant et légèrement alcoolique est obligé de supporter la présence d’un jeune comédien sur le plateau qui le double, chaque scène étant tourné deux fois au cas où l’alcoolisme du premier l’empêcherait de finir le tournage. Ce film doux-amer est très réussi et l’acteur principal, Henry Hübchen, est superbe.
Un autre grand acteur, Jerry Lewis, était également à l’honneur. Dans Dr. Jerry et Mr. Love (E.-U., 1963) il reprend les thèmes que l’auteur Écossais Robert Louis Stevenson a abordé dans son livre Dr. Jeckyll and Mr. Hyde. Un professeur, qui incarne le bien, personnage maladroit et peu attirant sur le plan plastique, crée une formule qui le transforme en crooner sexy avec un ego démultiplié et un côté narcissique bien développé. Le film est drôle et tendre et n’est pas si manichéen – à la fin, le bon professeur s’en va avec sa conquête, qui a deux bouteilles de la potion magique dans ses poches… Les femmes auraient-t-elles besoin de ce côté machiste et dominateur chez l’homme dans certaines circonstances ? En tout cas Lewis lui-même s’est dit surpris d’avoir reçu plus de fan mails pour Love que pour le professeur ![1]
Lewis est également excellent dans La valse des pantins de Scorcese (E.-U., 1983) où il interprète le rôle d’un animateur télé victime d’un stalker (traqueur), joué par Robert De Niro. Ce film fait froid dans le dos, il parle en apparence de comédie mais il n’y a rien de drôle, et le personnage déséquilibré joué par De Niro fait penser à Mark David Chapman, l’homme qui a tué John Lennon à New York fin 1980[2]. Lewis a même suggéré que son personnage soit tué à la fin du film par celui de De Niro…
Il y en avait tant d’autres, de Zazie dans le métro de Louis Malle (Fr., 1960) à Gloria, film chilien de Sebastien Leilo (2013) qui raconte l’histoire d’une femme quinqua qui ne veut pas passer le reste de sa vie toute seule. L’actrice qui joue le rôle principal, Paulina Garcia, nous dépeint une femme à la fois fragile et forte, qui confronte la solitude avec optimisme et qui, dans une scène mémorable, prend sa revanche sur un homme adolescent attardé en l’attaquant avec un pstolet de paintball ! Il y a eu des rires avec Max Linder, du suspense avec L’Énigme du Chicago Express (E.-U., 1952), un film noir de très bonne facture de R. Fleischer, et pour finir, l’immanquable L'Homme tranquille de John Ford (E.-U., 1952), son film irlandais avec de beaux paysages, des chants irlandais et une ribambelle de très bons acteurs : John Wayne, Maureen O’Hara, les frères Shields ( Arthur et Barry ‘Fitzgerald’) et des acteurs du Abbey Theatre de Dublin. Un vrai régal !
Dimanche soir, déjà terminé ! On n’a pas vu le temps passer mais comme chaque année on sort avec l’impression d’avoir vécu quelque chose de magique. Vivement l’année prochaine et la 42ème édition !
Frank Healy,
maître de conférences en anglais
CIEL, Université de La Rochelle
A la recherche d'une famille au cinéma...
Une entrée en matière avec Love in the Afternoon/Ariane de Billy Wilder (E.-U., 1957), comme une poursuite de ces deux journées de réflexion autour de « La famille au cinéma » : un père veuf et sa grande fille à la recherche du grand amour, une femme mariée dans les bras de son amant, un détective privé sur la piste des amants... Comédie de mœurs avec une Audrey Hepburn toujours charmante, un Gary Cooper en vieux séducteur, un peu trop âgé pour l'impétrante et un Maurice Chevalier au délicieux accent anglais à la prononciation française.
Petite comédie rafraîchissante après les familles recomposées et dysfonctionnelles étudiées dans les filmographies états-unienne, française, russe, arabe ou perse... Et une façon plaisante de clore ces VIèmes rencontres Droit et cinéma.
Au réveil, voir et revoir les Billy Wilder toujours caustiques : The Apartment/La garçonnière (E.-U., 1960), Some like It Hot/Certains l'aiment chaud (E.-U., 1959), Double Indemnity/Assurance sur la mort (E.-U., 1944), Sunset Boulevard/Boulevard du crépuscule (E.-U., 1950), Witness for the Prosecution/Témoin à charge (E.-U., 1957), The Private Life of Sherlock Holmes/La vie privée de Sherlock Holmes (G.-B./E.-U., 1970), A Foreign Affair/La scandaleuse de Berlin (E.-U., 1948), The Seven Year Itch/Sept ans de réflexion (E.-U., 1955), Fedora (France/All., 1978), One, Two, Three/Un, deux, trois (E.-U., 1961), The Front Page/Spéciale première (E.-U., 1974), Ace in the Hole/The Big Carnival/Le gouffre aux chimères (E.-U., 1951), Stalag 17 (E.-U., 1953) où sous le rire pointe la critique de la société étasunienne, des milieux professionnels (notamment judiciaires, journalistiques et hollywoodiens) et la dénonciation d'un monde de faux semblants. Cette unité de thèmes dans sa filmographie n'empêche pas la déconvenue de son premier opus, co réalisé avec Alexander Esway, Mauvaise graine (France, 1934).
Histoire de familles encore que le non politiquement correct Paper Moon/La barbe à Papa de Peter Bogdanovich (E.-U., 1973), où l'ami/amant de la défunte se voit chargé de transporter la jeune orpheline garçon manqué et le bruno dumondien Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières (France/All., 2013), une quête de justice cévenole au XVI° siècle.
Ecouter le cinéaste d'origine est-allemande Andreas Dresen se remémorer l’importance du vivre ensemble de sa jeunesse et sa conception d’un scénario minimal au profit de l’improvisation des acteurs, après avoir découvert son Septième ciel/Wolke 9 (All., 2008) à la séance de 11h et de poursuivre la quête de l’amour chez les sexagénaires/septuagénaires avec Gloria de Sebastian Campos Lelio (Esp./Chili, 2012).
Repérages du thème 2014 des VIIèmes rencontres Droit et cinéma « Frontière(s) au cinéma » avec My Dog Killer de Mira Fornay (Slovaquie/République Tchèque, 2013) et A Touch of Sin de Jia Zhang-Ke (Chine/Japon, 2013).
Rire aux péripéties de Jerry Lewis dans The Ladies’s Man/Le tombeur de ces dames (E.-U., 1961) et s’interroger, grâce à son duo avec Robert de Niro, sur les affres de la célébrité dans The King of Comedy/La valse des pantins de MARTIN Scorcese (E.-U., 1983).
Partir à la découverte du Tabu/Tabou originel de Friedrich Wilhem Murnau (E.-U., 1931) - après avoir aimé Tabou de Miguel Gomes (Portugal/All./Brésil/France, 2011) lors du festival 2012 - et se plonger dans l’œuvre de Max Linder grâce à de multiples courts et moyens métrages en ciné concerts jusqu’à Seven Years Bad Luck/Sept ans de malheur (E.-U., 1921) ou les joies de la vie conjugale…
Tomber sous le charme de The Quiet Man/L'homme tranquille de John Ford (E.-U., 1952), par la magie d'une belle copie restaurée, et partir en pèlerinage sur les traces du tournage avec Innisfree de José Luis Guerin (Esp,/Irl, doc., 1990), mi retour sur la terre des ancêtres de Ford par une mise en abyme des lieux et des dialogues du film, mi portait du grand cinéaste à travers les témoignages des seconds rôles, mi quête sociologique et anthropologique d’un village irlandais des années 90, le réalisateur hésitant entre plusieurs angles d'approches, au risque d'un trop plein.
Et descendre, en pleine nuit, du train en marche après The Narrow Margin/L'énigme du Chicago Express de Richard Fleischer (E.-U., 1952) et Pociag/Train de nuit de Jerzy Kawalerowicz (Pologne, 1959)... jusqu’à l’année prochaine !
[1] Commentaire de Lewis sur le DVD The Nutty Professor, special edition.
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