
Les symboles du procès sont nombreux et
porteurs d’une signification précise en lien avec les règles qui
régissent les procédures et le rôle joué par les acteurs du procès. La
balance, le bandeau, le glaive, la robe ou la perruque, nous paraissent
inséparables du rituel judiciaire, et pourtant ces symboles ont une
histoire et ne sont pas toujours identiques selon les époques ou les
lieux. Parfois, ils semblent même absents. Il reste qu’une justice sans
décorum, une justice qui ne se met pas en scène, qui ne donne pas à voir
sa puissance, est inconcevable, car l’acte de juger n’est pas anodin.
D’aucuns voient parfois dans ces symboles l’héritage d’une époque
révolue où juger était conçu comme une prérogative d’essence divine. Ils
y voient un attachement trop fétichiste à des emblèmes qui ne seraient
que l’expression d’un sentiment de supériorité sur le justiciable.
L’hermine du juge, en effet, n’est-elle pas aussi douce
qu’inaccessible ? Par ailleurs, aujourd’hui, la justice managériale et
le process judiciaire ont tendance à reléguer au second plan les
symboles du procès. D’autres, au contraire, insistent sur l’importance
des symboles qui sont bien plus que des signes extérieurs ou des
ornements : ils expriment la gravité du moment judiciaire. Au-delà de
leur simple apparence, les symboles judiciaires sont consubstantiels au
procès et à ses grands principes tels que l’impartialité du juge, les
droits de la défense, le principe du contradictoire et la publicité.
L’étude
du procès à travers ses symboles s’enrichit de celle des symboles à
travers leurs représentations. De la justice aux yeux bandés de Dürer au
tribunal de grande instance de Nantes conçu par l’architecte Jean
Nouvel, les artistes ont donné leur vision de la justice et ont façonné
le procès à travers leurs multiples regards. Parfois à un tel point que
notre propre vision du procès, sauf à en avoir été acteur, n’est pas
directe : elle est issue de ses représentations, notamment littéraires
ou cinématographiques. Le cinéma et la littérature ne s’intéressent
d’ailleurs pas exclusivement aux symboles du procès, mais décrivent plus
largement le fonctionnement et le quotidien de la justice. Par le
prisme d’histoires singulières, la justice se montre alors à découvert
et nous dévoile une part de son étrangeté. D’autres représentations
permettent aux symboles du procès d’acquérir une pleine existence grâce
aux œuvres ; les symboles font corps à la fois avec l’œuvre d’art et
l’œuvre de justice : ainsi en est-il du Palais de justice.
Journée d'études organisée par Wanda Mastor et Lionel Miniato.
Lieu : Université Toulouse I Capitole, Manufacture des Tabacs, Amphithéâtre Gui Isaac, 21 allée de Brienne, 31000, Toulouse.
Contact : ifr@univ-tlse1.fr
Au programme de cette journée d'étude, notamment, une communication de Magalie Flores-Lonjou et Lionel Miniato sur Le procès dans le cinéma français.
Programme complet et inscription : ifrdroit.ut-capitole.fr/colloque-les-figures-du-proces-au-dela-des-frontieres-le-18-octobre-2012-359162.kjsp?RH=1319193100055 …
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