Noura - admirable Leyla Zareh, toute en retenue décidée - voit son environnement professionnel, familial, social, fissuré comme peut l’être l’aquarium de sa tortue californienne (!)
Elle peine à s’échapper d’Iran comme sa tortue tente en vain d’escalader les bords glissants d’un plateau en plastique qui lui sert de refuge provisoire - plateau dont les inscriptions anglaises traduisent l’aspiration de cette jeune iranienne à la vie occidentale -. Comme la tortue, Noura croit pouvoir fuir mais pour mieux se perdre.
Au revoir : une vie de femme à laquelle la société iranienne ne laisse aucun espace, traversée par l’omniprésence de la puissance masculine dans les démarches les plus intimes ou les demandes administratives kafkaïennes ; l’omniprésence de la corruption ; l’omniprésence de la délation. Une vie qui la conduit à murmurer « lorsque l’on devient étranger dans son propre pays il vaut mieux être étranger à l’étranger ». La révolte de Noura - laquelle se voit interdire d’exercer la profession d’avocat - n’est pas violence, elle est persévérance.
A l’aide d’une succession de plans fixes presque monochromes qui nous disent sobrement toute la pesanteur d’une société que ceux qui la vivent doivent subir quotidiennement, Mohammad Rasoulof nous distille l’horreur d’une République d’où sont bannis la liberté, le respect de la sphère de l’intime, le choix et l’espérance.
Un film lourd, un film nécessaire, un film courageux réalisé sans autorisation et qui ne plaidera sans doute pas en sa faveur devant ses juges (http://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/09/06/au-revoir-dans-l-enfer-cruellement-gris-de-la-republique-islamique_1568390_3476.html), un film pour lequel le réalisateur a reçu le prix de la mise en scène - Un certain regard - lors de la dernière édition du festival de Cannes.
Lire également sur ce film :
http://blog.cinematheque.fr/
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/09/21/sept-cineastes-iraniens-arretes_1575377_3476.html
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