"L'homme, du reste, ne demandait qu'à mourir ; voulant égaler son Créateur par le savoir, non par l'immortalité, il n'avait nul désir d'approcher de l'arbre de vie, il n'y portait aucun intérêt ; c'est ce dont Yahweh parut s'aviser, puisqu'il ne lui en interdit même pas l'accès : pourquoi craindre l'immortalité d'un ignorant ? Que l'ignorant s'attaquât aux deux arbres, et qu'il entrât en possession et de l'éternité et de la science, tout changeait ..."
Cioran (La chute dans le temps, "L'arbre de vie", Oeuvres, Gallimard, coll. quarto, p. 1071)
Exit l’animisme d’Apichatpong Weerasethakul dans Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (France, G.-B., Esp., Thaïlande, All., 2009). Vive le christianisme de Terrence Malick dans The Tree of Life/ l’arbre de vie (E.-U., 2011) !
Si le cinéaste, doté d’un immense talent de metteur en scène, nous révèle la nature dans sa virginité originelle - comme il l’avait fait dans Badlands/ La balade sauvage (E.-U., 1974), Days of Heaven/ Les Moissons du ciel (E.-U., 1979), prix de la mise en scène à Cannes en 1979, et The New World /Le Nouveau Monde (E.-U., 2006) -, il est moins convaincant dans sa trop longue partie cosmico-créationniste plus proche d’un documentaire sur la beauté de la terre et des êtres vivants (surtout marins), délaissant son panthéisme de The Thin Red Line/ La ligne rouge (Canada, E.-U., 1998) pour un christianisme où la grâce rachète in fine la famille américaine type des années 50 dans un au-delà onirico-familial.
Qui l’eut crû ? Les années se suivent et la palme cannoise est religieuse ou n’est pas … Réjouissons-nous en tout cas du prix de la mise en scène attribué à Nicolas Winding Refn pour son film Drive. Nous n’avons certes pas encore vu son film, mais sommes des inconditionnels du metteur en scène danois depuis sa trilogie Pusher - immersion dans la pègre de Copenhague des années 90, tragédies familiales, scènes de violences inouïes ... Nous sommes prêts à parier que Winding Refn aura un jour la Palme d'or.
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