Photographie de Franck Moreau
La représentation du
droit au cinéma constitue le cœur de notre recherche entreprise depuis 2008
dans le cadre du cycle Droit et
cinéma : regards croisés. Cette thématique de recherche ne vise donc pas
à étudier le statut du créateur, des œuvres, et de leur exploitation qui ont
déjà fait l’objet de plusieurs analyses de la part de juristes (par ex. Jean-Marie PONTIER, Le droit du cinéma, P.U.F., 1995, coll.
Que sais-je ? ; Gaëlle BOSSIS et Raphaël ROMI, Droit du cinéma,
LGDJ, 2004, coll. Systèmes ; Jean-Marie PONTIER, Jean-Claude RICCI et
Jacques BOURDON, Droit de la culture, Dalloz, 1996 ; Claire BERNE, Histoire
du droit du cinéma français, Thèse de doctorat en linguistique, Paris I,
2000 ; Marie CORNU, Le droit culturel des biens, Thèse de doctorat
en droit privé, Paris II, 1994) ; mais plus précisément à
appréhender le Droit comme sujet (direct ou indirect) d’une création
cinématographique, comme ce fut réalisé à propos du 9ème art (Catherine RIBOT Dir., Droit et Bande dessinée. L’univers juridique
et politique de la bande dessinée, P.U. de Grenoble, 1998). En effet, si le droit est représenté dans le 7ème art comme il l’a été en
littérature (Philippe MALAURIE, Droit et littérature, Ed.
Cujas, 1997, coll. Anthologie ; Antoine GARAPON et Denis SALAS Dir., Imaginer
la loi. Le droit dans la littérature, Ed. Michalon, 2008, coll. Le bien
commun ; v. également les travaux de François Ost ou bien ceux d’Anne
Simonin), c’est principalement sous l’angle du droit privé, en
raison des relations interpersonnelles qui se nouent entre les personnages par
le truchement du droit. Parmi les disciplines du droit privé, le droit pénal
(mais est-il vraiment du droit privé ?) occupe une place de choix (Christian GUERY, Justices à l'écran, PUF, 2007, coll. Questions
judiciaires ; Bruno DAYEZ, Justice et cinéma. Quarante méditations sur
la justice vue à travers le septième art, Anthémis, 2007). Il est le plus filmé à travers les scènes de procès auxquelles l’imagerie
hollywoodienne nous a habitués depuis fort longtemps (Laurent GOUALLE, Le drame judiciaire ou la représentation du procès
dans le cinéma américain, Thèse Doctorat en Cinéma, Paris III, 2001). Les questions de droit public sont
peu ou pas représentées dans la production cinématographique, même si nous
avons tous en mémoire James Stewart utilisant le règlement du Sénat américain
pour dénoncer les turpitudes des politiques en lisant la bible dans le film de
Franck CAPRA, Mr Smith goes to Washington.
Ainsi, Droit et cinéma : regards croisés se
décline dans le temps autour de thématiques annuelles permettant d’appréhender
l’ensemble des disciplines juridiques au sein des productions cinématographiques
dans une perspective pluridisciplinaire. Les rencontres Droit et cinéma :
regards croisés 2008 furent consacrées au Huis clos judiciaire au cinéma, et celles
de 2009 abordèrent le triptyque Travail,
droit et cinéma. Quant à celles de 2010, qui auront lieu les 3 et 4 juillet,
et pour lesquelles un soutien moral et financier du GIP Droit et justice du Ministère de la
justice a été obtenu, elles vont s'intéresser à la question de l’enfance
au cinéma.
Ces rencontres
permettent d’approfondir l’hypothèse de départ selon laquelle le cinéma est
tout à la fois instrument de connaissance du droit, instrument de réflexion,
mais aussi vecteur d’apprentissage et de formation. En effet, la tentation est
grande d’adapter aux études juridiques françaises la méthode américaine consistant
à enrichir les supports classiques que sont les textes juridiques, la jurisprudence et la doctrine de documents
filmiques.
Droit et
cinéma : regards croisés a été crée par Agnès de LUGET et
Magalie FLORES-LONJOU, maîtres de conférences en droit public à l’Université de
La Rochelle, qui en sont les responsables. Depuis les premières rencontres,
plusieurs personnalités de prestige, reconnues pour leurs compétences
juridiques et/ou cinéphiliques sont intervenues (Jean Tulard, professeur des Universités, membre de l'Institut, Françoise
Thibaut, professeur de droit public, correspondante de l'Institut, Marie-France Mazars, conseiller doyen de la chambre sociale de la Cour de cassation, Christian Guéry, doyen des juges d'instruction à Nice, Xavier Daverat, professeur de droit privé à l'Université Montesquieu Bordeaux IV, Jean-Marie Tixier, maître de conférences en littérature et cinéma à l'Université Montesquieu Bordeaux IV, Catherine Pozzo di Borgo, réalisatrice, Gwenaele Rot, maître de conférences en sociologie à l'Université Paris X, N. T. Binh, critique de cinéma, membre du comité de rédaction de la revue Positif, etc ... ). Le
blog Droit et cinéma : regards
croisés a pour ambition, non seulement de rendre compte de nos activités de
recherche – les rencontres annuelles (passées et à venir) ainsi que les conférences
qui se déroulent tout au long de l’année – mais également de suivre l’actualité
du cinéma, à travers des recensions de films et d’ouvrages et, le cas échéant
d’articles, pouvant intéresser à la fois le cinéphile et le juriste.
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